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LE LABYRINTHE

1/ Crois-tu que… Tu crois peut-être que la vie n’est qu’un jeu mais encore faudrait-il que tu comprennes vraiment ce que signifie ce mot. As-tu seulement idée de ce qu’il représente ?
Un jeu, c’est plus qu’un livre, c’est plus qu’un film ou un tableau de maître… C’est plus qu’une œuvre d’art ? C’est un espace qui dispose de ses propres règles et dans lequel tu peux pleinement exister et t’épanouir. Les jeux sont la base de tous les savoirs et de tous les apprentissages. Pour cela, tu commences avec un bâton ou un bout de ficelle et tu peux aller jusqu’à un univers entier reconstitué en 3D et 360°. Ça peut être un match de foot ou une partie d’échecs, une énigme ou une série de questions… L’essentiel est que tu te reconnaisses dans les règles et que tu acceptes le mode de valorisation car, tu le sais bien, un vrai est aussi une compétition : tout le monde ne peut pas gagner en même temps. Après, les règles peuvent stipuler qu’il n’y ait qu’un vainqueur ou que chaque joueur se voit attribuer un nombre de points proportionnel à ses mérites mais… l’égalité n’est qu’un principe de départ.
Avant de commencer une partie, il faut donc que tu puisses identifier un espace, une série de règles, un mode de valorisation, un risque de perdre et… un enjeu. Alors, d’après toi, quel peut être l’enjeu de la vie ? Quelle récompense attend le(s) vainqueur(s) ? Que restera-t-il pour… les autres ? Laisse tomber. Toutes les religions se sont penchées sur cette question et, finalement, personne n’est jamais tombé d’accord. Penche-toi plutôt sur l’espace et les règles.

Comment te faire comprendre ? Tiens, imagine un immense labyrinthe. Tu vas voir, c’est l’exemple le plus parfait de ce que représente un jeu : un espace complexe que tu découvres petit à petit et dans lequel tu es amené sans cesse à prendre des décisions (pour progresser, pour éviter les dangers…). Les murs qui t’entourent te guident et t’enferment à la fois, ces murs ne peuvent pas être détruits. Les autres joueurs t’entourent, t’aident ou te bousculent : à toi d’agir en ton âme et conscience et de développer au mieux tes capacités d’analyse.
Oui, imagine ta vie comme un labyrinthe. Il y a des centaines de chemins possibles, des doutes à chaque croisement, des victoires et des défaites à chaque épreuve qui te feront gagner ou perdre des points. Ton score, oui, pense à ton score ! Ne cherche pas la sortie car elle finira bien par venir à toi (personne n’est éternel…) mais, d’ici-là, c’est bien le chemin parcouru (résumé dans ton score) qui fera la différence entre les participants inscrits dans la partie. On pourrait aussi imaginer une course de voitures ou une simulation de… Non, restons plutôt sur le labyrinthe.

2/ Toi, tu considères la vie comme un jeu. Tu ne connais pas l’enjeu mais tu découvres chaque jour un peu plus l’espace et les règles qui délimitent ta partie. Quelles sont tes ambitions ? Evidemment, réaliser le meilleur score possible car, à la fin du temps réglementaire, tous les éléments seront comptabilisés et rien ne sera oublié : il convient donc, dès le plus jeune âge, de ne commettre qu’un minimum d’erreurs et de progresser à chaque épreuve.
D’après toi, quelle serait l’unité de valeur qui permettrait d’évaluer un « score de vie » pour chaque joueur ? La longévité, la connaissance, la fortune, la joie, la satisfaction de soi-même ? Non, tu as raison, cela ne peut pas être aussi simple…
Dans tous les bons jeux de rôles, les personnages sont évalués selon plusieurs paramètres : points de vie, points de savoir, crédits, influence, adresse, points de chance… Donc, tu pourrais t’imaginer avançant – prudemment ou vaillamment – au fil de ton labyrinthe en essayant d’améliorer tes différents paramètres… Oui, pourquoi pas ? Et tu peux comprendre ainsi que, quelle que soit la longueur de la partie, tu ne pourras pas être vainqueur dans toutes les catégories. Tu vas devoir évaluer tes forces et tes faiblesses pour choisir les domaines tu essaieras de progresser. Eh oui, les règles sont (peut-être) les mêmes pour tous mais il appartient à chaque joueur de se fixer ses objectifs.

Evidemment, en début de partie, tu as l’envie de tout gagner. Ensuite, tu commences à perdre mais tu reste persuadé que la victoire est toujours possible. Et puis, enfin, tu prends conscience que le temps réglementaire défile et que, perdu au milieu des autres joueurs, certaines faiblesses ne pourront plus être rattrapées. Tu sais que quelques scores continueront à avancer mais cela ne te suffit pas. Tu es obsédé par… et puis tu comprends. Tu te résignes ? Oui, peut-être. Ou alors tu te donnes l’impression de commencer une nouvelle partie dans laquelle tu ne te focaliseras que sur les scores que tu te sens capable d’améliorer. Tu rencontres aussi d’autres joueurs que tu ne considères plus forcément comme des adversaires. Il y a toujours en toi un regret de ne pas pouvoir les écraser mais… tu comprends. Et puis, petit à petit, tu acceptes et tu te sens mieux. Tu sais que, même sur tes paramètres favoris, rien n’est jamais acquis et que la partie doit absolument se poursuivre. Tu te replonges dans le jeu de manière passionnée, frénétique. Tu maîtrises de mieux en mieux les secrets du labyrinthe (et de ses habitants) mais tu restes vigilant. Toi seul connaît tes véritables scores, toi seul sait mesurer l’ambition qui existe dans chacun de tes choix. Les autres te comprennent parfois car ils se sont, eux aussi, appropriés les règles du jeu ; d’autres te regardent étonnés car ils en sont toujours à se demander quel est le but final de la partie. D’autres, pour diverses raisons, ne te regardent même pas mais ce n’est pas très grave si tu sais ce que tu vaux.

3/ Tu es donc vraiment persuadé que la vie ressemble à un jeu… Avec un espace, des règles, un mode de valorisation, un temps réglementaire… Alors, de quoi as-tu peur ? Tu redoutes probablement d’avoir un score final ridicule, une fin trop brutale de partie ou un monstre redoutable caché au coin du prochain mur. Oui, pourquoi pas, mais que peux-tu y faire ? Les règles d’un labyrinthe aussi complexe que la vie ne peuvent pas toujours être justes ou équitables mais, ça, il vaut mieux l’accepter dès le début. Oui, tu as raison, tout peut s’effondrer d’un seul coup (ou s’effriter petit à petit) mais cela ne signifie pas forcément que tes scores seront minables à la fin de la partie. N’oublie pas que, dans tous les bons jeux de rôle, des bonus sont toujours calculés en fonction des difficultés. D’une manière générale, tu obtiendras plus de points avec un demi-parcours en mode expert qu’avec un parcours complet en mode débutant. Vraiment, n’oublie jamais cela : chaque épreuve augmente le niveau de difficulté de ton parcours et, dans les étapes suivantes, les souffrances surmontées seront comptabilisées comme autant de points supplémentaires attribués à l’un de tes scores. Alors, ne cherche pas d’excuses dans le hasard ou la fatalité car seul compte le score final de ta partie.

A quoi ce score servira-t-il ? Qui l’aura comptabilisé ? Qui attribuera les récompenses et les reproches ? Ne te pose pas trop ce genre de questions dont personne n’a jamais eu la réponse. Progresse dans ton labyrinthe et ne sois pas trop pressé de trouver la sortie (tu ne sais pas quel autre jeu pourrait t’y attendre). Reste confiant en te disant que les souffrances ne font pas forcément de toi un mauvais joueur et que, même si un de tes paramètres préférés s’effondre à un moment, tu trouveras toujours l’occasion de te refaire. Bref, garde toujours à l’esprit, même dans les instants les plus tragiques, que la vie ne reste qu’un jeu. A moins que… Non, crois-moi, ne pense pas trop à cela.

Un jeu. Un jeu comme un labyrinthe ou autre mais surtout pas un jeu de hasard ! Un jeu lié entièrement à la chance revient toujours à se demander si Dieu existe et s’il pense à toi : il n’y a rien de pire pour multiplier les angoisses. N’hésite pas à profiter du hasard quand il te profite mais ne compte jamais trop sur lui pour avancer. Pourtant, tu me diras qu’il faut bien un minimum de chance pour trouver la sortie d’un labyrinthe. Mais ne t’inquiète donc pas tant pour la sortie puisque c’est bien la seule chose que chaque joueur est certain de trouver tôt ou tard. A quoi aimerais-tu que cette sortie ressemble ? A moins que… c’est vrai qu’il y a aussi cette légende du labyrinthe circulaire… Non, tu as raison : ça non plus, il vaut mieux ne pas trop y penser.

 

 

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